Eljem , son histoire

El Jem est l’héritière de Thysdrus. C’était une petite agglomération rurale berbère qui s’est développée grâce à sa position avantageuse sur un plateau constituant le passage le plus direct du Nord au Sud et le point de jonction le plus commode entre la côte et l’intérieur du pays. Lors de l’invasion punique, elle a vraisemblablement servi de relais ou de support à la pénétration à partir de la côte vers l’intérieur. Le village reste de taille modeste pendant cette période. A ce premier stade de développement, la cité correspond, au niveau urbain, à un noyau central archaïque qui ne paraît guère étendu, couvrant une vingtaine d’hectares et formant un cercle de 500 mètres de diamètre. Les îlots sont irréguliers et les rues sinueuses et étroites.

Puis Thysdrus devient romaine et connaît une « vertigineuse ascension », qui hisse la ville, au IIIème siècle après JC, à la seconde place en Afrique, après Carthage. Elle comprend alors 40 000 habitants (contre 100 000 habitants à Rome à la même époque) sur une superficie de 200 hectares. La ville se développe grâce à l’olive et au commerce : elle sert d’intermédiaire entre les ports et l’arrière pays pour l’importation et l’exportation.

Thysdrus n’appartient pas à la catégorie des fondations romaines, bâties de toutes pièces sur un plan préconçu, en damier. Ce n’est pas une ville régulière : elle regroupe deux types d’espaces urbains, très différents : à un noyau central ancien, massif et compact, à peine aéré par des rues étroites et tortueuses s’oppose une zone plus récente comportant des rues beaucoup plus larges et plus denses. Cette extension s’est faite vers l’est et surtout vers le sud de la ville.

Au début du IIème siècle après JC, la ville se dote du plus grand amphithéâtre d’Afrique, capable d’accueillir 30 000 spectateurs.

En 238, les habitants se révoltent contre l’empereur Maximus qui leur demande trop d’argent. Ils proclament empereur le proconsul Gordien, alors gouverneur de la province. Après cette révolte, Thysdrus subit des représailles qui laissèrent des traces dans beaucoup de ses édifices et contribuèrent à interrompre son essor.

L’évolution de Thysdrus à l’époque byzantine est très mal connue : la ville semble s’être rétrécie, se concentrant dans sa partie ouest. Perdant peu à peu sa zone d’influence économique, Thysdrus cesse d’être une grande ville, tombe en ruine et disparaît complètement. Seul l’amphithéâtre reste utilisé : il est transformé en forteresse.

 

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